Françoise Mukuku : « Avoir internet est un droit, pas juste un service »

Posté par mediatic le 18 juin 2013

Françoise Mukuku : « Avoir internet est un droit, pas juste un service »  dans News francoise-mukuku-225x300Du 17 au 18 Juin s’est tenue à Tunis la troisième conférence Freedom Online après les deux premières tenues à La Haye et à Nairobi. Pendant deux jours, les représentants de gouvernements, de la société civile, les internautes, les représentants de la communauté universitaire, le monde des affaires…ont discuté de toutes les questions liés à la situation réelle de la liberté d’expression en ligne. Parmi les participants l’activiste congolaise pour les droits à la communication Françoise Mukuku qui nous aide, dans cet entretien, à lever quelques coins de voile sur cette rencontre à laquelle ont pris part des délégués venus du monde entier.

 La problématique de la liberté sur internet se pose-t-elle pour un pays comme la RDC dont à peine 2% de la population est connectée ?

Elle se pose partout dans le monde. Car il s’agit bien des droits humains dont nous parlons. Droits de s’exprimer librement, d’accéder à l’information, d’échanger ses points de vues. Mais souvent ces droits sont supprimés au nom de la sécurité, des bonnes mœurs ou de que sait- je encore.

Dans le cas de la RDC, les SMS qui ont été coupés durant la période électorale (en 2011), c’est une violation de nos droits. Car même si le gouvernement avait besoin de maintenir l’ordre public, il y a des façons de le faire. Car tout le monde n’utilise pas les sms que pour faire du mal. Ailleurs, ce sont les courts et tribunaux qui décident de ces choses-là. D’ailleurs, vous avez vu que cela n’a pas empêché les violences, ni même le site internet de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) d’être piraté.

 Seuls 19 pays sont membres de la Freedom online Coalition. Qu’est-ce qui explique ce si petit nombre?

 La coalition est une organisation créée par des gens qui ont une certaine idée des libertés et des droits de l’homme ; il faut prouver qu’on adhère au fait que internet est un bien commun. Ca veut dire que les entreprises privées ne doivent pas faire la loi, qu’avoir internet est un droit, pas juste un service.
Les gouvernements doivent montrer qu’ils protègent ces droits et ainsi de suite, ils adhérent et doivent le prouver, ouvrir leur internet, ne pas arrêter
les gens pour leur opinion sur le net, ne pas les surveiller, accepter qu’ils critiquent l’action du gouvernement, etc.

La Tunisie fait partie de la Coalition mais le gouvernement a emprisonné une fille Amina, qui avait mis une photo d’elle nue sur Facebook. Ils ne sont pas parfait mais ils sont déterminés à changer les choses chez eux. Une fille qui met une photo d’elle sur le net n’est pas une terroriste n’est ce pas ? Ils l’ont
reconnu.

 Le Kenya, pays d’Afrique noire comme nous, montre son engagement tous les jours. En subventionnant, mettant les conditions pour que internet soit moins cher, ouvert à tous et permettre aux citoyens de créer des applications, travailler sur internet et gagner de l’argent.

 Comment concilier la liberté des citoyens en ligne et la volonté des Etats (comme on l’a vu avec la NSA américaine) à contrôler internet ?

 Il ya un représentant de la NSA américaine au forum et je peux vous dire qu’il est d’accord que la sécurité et les droits humains ne sont pas incompatibles. Tous les jours, ils apprennent et changent leurs façons de travailler pour réduire les dommages qu’ils font aussi bien à leurs citoyens qu’aux citoyens du monde.

Que ramèneras-tu de concret au pays en rentrant de ce forum ?

 L’idée qu’il faut une inclusion des femmes et des sujets des femmes dans toutes ces discussions. J’ai fait une présentation sur l’accès et l’inclusion des femmes sur internet. Avec des amies du gouvernement kenyan, des organisations travaillant sur les politiques d’internet, nous avons montré qu’il ne s’agit
pas d’accès physique seulement mais de mettre une attention particulièrement sur comment est-ce que internet et les réseaux sociaux changent la vie des
femmes, leur permettent d’avoir accès aux ressources, à l’information et de prendre part à la vie du pays. Il y a des problèmes culturels qu’il faut dépasser; comme de faire croire que les femmes et les filles qui utilisent internet vont être plus victimes de harceleurs… On essaie de leur dire « restez à la cuisine, ce n’est pas une place ou un sujet pour les femmes ». Mais elles sont présentent et vous avez vu, dans les pays arabes, elles ont pris part au changement, dans les manifestations contre la dictature.

Gratien KITAMBALA

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