Les journalistes congolais entre la convention collective et le « coupage »
Posté par mediatic le 31 août 2009
Combien est payé un journaliste congolais. C’est l’une des questions auxquelles vous auriez le plus de mal à obtenir une réponse sur la place de Kinshasa. Et pour cause. Il n’existe à ce jour aucun document légal actualisé déterminant les rémunérations dans le monde de la presse en République Démocratique du Congo. En conséquence, les salaires dans la plupart des entreprises de presse figurent parmi les secrets les mieux gardés par les professionnels de la presse eux-mêmes. Ces salaires, en fait, se paient selon les réalités internes, ce qui est normal direz-vous – mais aussi à la tête du client, ce qui pourrait l’être tout autant.
Ce qui n’est cependant pas normal, ce sont les chiffres réels. Savez-vous qu’ils ne sont pas nombreux ceux des journalistes congolais qui ont un salaire allant au-delà de 100 dollars américains? Et ceux qui ont un salaire régulier, payé à la fin de chaque mois, ne représentent peut-être même pas le tiers des effectifs de tous les journalistes prestant au pays.
Mais alors, serez-vous tentés de demander, de quoi vivent-ils? Comment font-ils pour subvenir à leurs besoins vitaux et, en même temps, se livrer à « ce travail exaltant de la quête de l‘information au service de la communauté »? Pour faire simple en terme d’explication, on pourrait parler de la débrouille. Il y a ceux qui recourent au « coupage », terme qui, en réalité recouvre pudiquement ce qui est connu en d’autres termes comme une « motivation », un « mot de la fin ». En clair, une somme d’argent qu’une personne intéressée paie au journaliste pour la publication – dans un média écrit – ou la diffusion – dans l’audiovisuel – d’une information donnée. Impossible dans ces conditions de parler des concepts comme l‘éthique , l’objectivité, le droit à l’information des citoyens, les chiens de garde de la démocratie… Pour un pays qui ambitionne de devenir plus « démocratique », voilà qui doit être s’inquieter.
Un pas en avant?
C’est dans la quête d’une solution à cette impasse qu’il faudrait inscrire les travaux de la commission paritaire tenus du 26 au 28 août 2009 au siège de l’Observatoire des Médias Congolais (OMEC) sous les auspices du Syndicat National des Professionnels de la Presse (SNPP). Travaux à l’issue desquels, rapporte l’Agence Congolaise de Presse, « les professionnels de la presse de la République Démocratique du Congo disposent d’une convention collective nationale ».
Cette convention collective, poursuit l’ACP, renforce les conditions d’accès à la profession conditionnée par un concours tant pour les détenteurs d’un diplôme de journalisme que ceux ayant suivi d’autres options. Huit catégories des professionnels de la presse ont été inventoriées et le journaliste-reporter qui est la catégorie 4 bénéficie d’un salaire minima de 270.000 Francs congolais (soit près de 330 dollars américains).
Reste à présent à savoir si cette convention collective a des chances d’être appliquée dans les « entreprises » de presse congolais lorsqu’on sait qu’une bonne partie d’entre elles ne sont en fait que des boutiques où les propriétaires règnent en mâitres et où même les syndicats n’ont pas droit de cité.
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