Des journalistes réfractaires aux nouvelles technologies de l’information et de la communication
Posté par mediatic le 1 avril 2009
« J’ai été pendant quelques années chargé de communication d’une ONG internationale. Chaque fois que nous publiions un communiqué, j’avais plus de chance de le voir traité par la presse si je l’envoyais sur support papier que si je l’expédiais par mail », reconnaît un journaliste. Voilà le premier indice de l’appropriation ou de la maîtrise des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le milieu des professionnels des médias à Kinshasa, capitale de
la République Démocratique du Congo. Facile de comprendre la stupeur des personnes qui vivent dans des sociétés « normales » et pour qui les mails font partie de la vie de tous les jours même pour les plus jeunes de leurs enfants.
Le problème, on le voit, est réel et profond. Si déjà, les journalistes qui sont censé être les plus grands utilisateurs des TIC au regard des facilités qu’elles leur apportent dans l’exercice de leur travail, accusent autant de retard, comment espérer que le reste de la communauté – qui doit bénéficier de l’éclairage des communicateurs – puisse progresser ?
Le résultat est que le traitement de l’information en rapport avec les TIC s’en ressent. C’est le moins que l’on puisse dire. Feuilletez les publications locales, vous ne trouverez pas grand-chose. Sauf peut-être quelques articles ponctuels liés à des événements. Aucun suivi systématique pour un secteur qui est en train de changer la vie des gens, les conditions de travail ou d’étude, les rapports des facteurs de production… Et qui draine énormément d’argent. Dans les médias audiovisuels, moins de cinq émissions, alors que Kinshasa compte plus de 40 chaînes de télévision. Et le contenu de ces émissions laisse parfois à désirer.
Remédier à la situation
En y regardant de près, il se pose un problème – même si la lise des problème est longue – de « renforcement des capacités » pour utiliser un terme en vogue dans les milieux des organisations internationales. C’est-à-dire que pour ces technologies qui sont plus que nouvelles pour la majorité des Congolais, il n’y a pas eu suffisamment de transmission de connaissances, d’initiation. Or, les gens n’ont pas la science infuse. S’ils n’ont pas été initiés, ils ne peuvent pas y accéder, d’autant que leur environnement ne leur facilite pas la tâche.
Dans les sociétés du Nord, l’école – où tous les enfants en âge de scolarité sont du reste inscrits – sert de structure de transmission de ces nouvelles connaissances. Sans oublier qu’il y a d’autres structures-relai. Et que ces technologies de l’information sont le prolongement d’autres modes de communication déjà courantes dans ces sociétés. C’est qui n’est pas le cas dans la société congolaise.
C’est donc au niveau de la formation qu’il faut agir en premier si l’on tient à décanter de la situation sous cet angle. « Nous avons organisé une formation ici pour les professeurs d’université. Et nous nous sommes rendus compte que la plupart d’entre eux n’avaient pas d’adresses mails. Nous avons dû en créer séance tenante parce qu’elles devaient les aider à garder contact et à échanger entre eux sur leurs productions, leurs travaux… », avoue un responsable du Campus Numérique Francophone de Kinshasa.
Le chantier est donc immense. Il faut d’abord initier les formateurs habituels que sont les enseignants aussi bien de l’université que des autres niveaux. C’est à eux d’assurer le relai à la masse. Il y a aussi lieu d’organiser des séminaires et ateliers de renforcement des capacités des professionnels des médias et combler rapidement la fracture numérique dont ils souffrent au moment où les médias du reste du monde roulent à grande vitesse sur les autoroutes de l’information.
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